lundi 6 avril 2015

N'ATTENDEZ PAS QUE LA TEMPÊTE PASSE,DANSEZ SOUS LA PLUIE





Ce jour-là, avant même d’ouvrir les yeux, j’ai médité sur l’infini, j’aime voyager en pensée dans toutes les parties de mon corps. J’imagine chacune de mes cellules souriant aux autres et je leur souhaite une journée exceptionnelle. Puis, toujours grâce au pouvoir de l’imaginaire, je m’envole vers les étoiles, afin de leur souhaiter également une journée remarquable; du plaisir à l’infini et tout cela absolument gratuitement. Lorsque je suis en harmonie avec l’infini, je reviens sur terre. Avant d’ouvrir les yeux, j’ordonne à mon cerveau : « Cher cerveau, aujourd’hui, concentre-toi à te réjouir des beautés du monde, laisse le milieu où tu es t’envahir de plaisir ». La chasse aux contentements est ouverte.
En observant la réflexion de mon image dans le miroir de la salle de bain, je me suis arrêté quelques instants pour m’admirer. J’ai constaté que mon cerveau exécutait ma demande de se concentrer sur la beauté du monde; évidemment, cela débutait par ma propre beauté. J’approuvais le message de ma conscience : « Développe ta faculté à contempler la beauté du monde, en étant sensible à ta propre splendeur. Admire-toi pour mieux t’extasier des richesses des autres, aime-toi pour mieux adorer tes semblables, c’est ça le bonheur! »
À la sortie de l’immeuble où j’habite, j’ai salué un des employés qui travaillent dans le local commercial situé au rez-de-chaussée. Je les croise souvent sous le porche d’entrée. Depuis l’interdiction de fumer dans les commerces, le portail est devenu leur fumoir. C’est là, grâce à la force du groupe, qu’ils s’encouragent à raccourcir leur vie cigarette après cigarette; probablement parce qu’ils sont malheureux. Afin d’obtenir une réponse à cette supposition, j’ai demandé à un des employés qui fumait en solitaire ce matin-là : « Bonjour, comment va ton bonheur ce matin? » En regardant le ciel, il m’a fait comprendre qu’il lui serait difficile d’être heureux aujourd’hui, car la pluie menaçait d’inonder la ville d’une minute à l’autre.
Cela m’a bien fait rire; les gens voient ce qu’ils veulent voir. Puisque j’avais ordonné à mon cerveau de ne porter attention que sur la beauté du monde, je ne me laisserais pas influencer par le premier venu tentant de me convaincre que je ne pourrais être heureux aujourd’hui parce que la température n’était pas clémente. Au contraire, j’apprécierais cette journée de pluie, car les averses ont l’avantage de créer une ambiance zen, propice à l’introspection. Cette rencontre fut un avertissement, aujourd’hui, je fuirais tous ceux qui n’ont pas développé la capacité d’admirer la beauté du monde. En descendant la rue St Pierre, vers le sud, je portai attention à la splendeur des édifices historiques sur cette rue ancestrale. Quel privilège de vivre dans cette cité aux mille trésors!
Pourtant, tous les jours, à la sortie du métro, j’ai observé les travailleurs déambuler sur la rue St Pierre, café à la main, inconscients des merveilles qui les entouraient. Je ne comprenais pas pourquoi la plupart d’entre eux marchent la tête basse. Il leur suffirait de lever les yeux pour se réjouir des joyaux de l’impressionnante architecture. Je m’interrogeais : « Sont-ils complètement inconscients de ce privilège, ou est-ce la honte d’exercer un travail qu’il ne leur convienne plus qui leur fait baisser la tête? »
Arrivé à mon café préféré "Olive + Gourmando", au coin des rues St Pierre et St Paul, j’ai demandé un jus d’orange frais et un croissant. Le commis m’a répondu : « Six-quarante-neuf ». La dame qui attendait en ligne juste derrière moi s’exclama : « Six-quarante-neuf, comme à la loterie, vous devriez acheter un billet de loto. » Surpris par son intervention, je lui répondis en souriant : « Madame, je vous transmets avec plaisir mon jour de chance. Faites comme moi, commandez un jus et un croissant et la somme sera de six et quarante-neuf. En passant, dites-le à vos amies, elles aussi aimeraient gagner la loterie, pas vraie? »  En voilà une autre qui souffre de l’illusion que davantage d’argent la rendra assurément heureuse, ai-je pensé.
Je dégustais mon jus d’orange comme si je n’en avais pas bu depuis très longtemps. J’imaginai tous les efforts qui avaient dû être accomplis pour amener ce verre de jus d’orange devant moi. Le propriétaire qui avait acheté le terrain pour la plantation, tous les employés qui avaient cultivé la terre, le camionneur qui avait transporté ces oranges de la Floride à Montréal. Le commerçant qui avait vendu les oranges au propriétaire du café et la cafetière qui les avait pressées pour moi. Je leur rendais hommage en dégustant lentement ce jus; une vraie caresse pour l’estomac. Grâce aux efforts de tous ces gens, les vitamines des oranges nourriraient mon bonheur pour les prochaines heures. Convaincu que le bonheur débute avec une bonne alimentation, j’en ai fait une règle de vie.
L’employé avait raison, un spectaculaire orage s’abattit sur Montréal quelques minutes plus tard. De l’intérieur du café, j’observais les gens courir, plusieurs choisirent de se réfugier au café. Je fis le contraire, j’en profitai pour sortir et aller danser sous l’ondée. Quelle énergie! Quelle beauté! Quelle joie, cette pluie qui vous lave l’esprit! Les bras ouverts en croix, je tournoyais, la tête en arrière; m’abandonnant à la pluie chaude qui tambourinait sur mon front. Les arbres s’agitaient sous la force du vent, on aurait dit des épouvantails tentant de faire peur aux passants qui couraient la tête recouverte d’un porte-document ou de leur veste. Il pleuvait avec une telle intensité que l’eau déborda des gouttières qui n’avaient pas été conçues pour un orage d’une telle force. Des chutes d’eau s’abattaient bruyamment sur les trottoirs. Les quelques téméraires qui observaient le spectacle marchaient au centre de la rue pour ne pas être submergés. Leurs parapluies n’avaient pu résister à la force du vent, ils s’offraient à la pluie comme sous la douche. Ils se regardaient du coin de l’œil, sans se parler, tout ébahit par la beauté du spectacle.
Bien que complètement détrempé, j’éprouvais une joie intense, celle de jouir de l’instant présent. Je me félicitai d’avoir choisi d’observer la beauté de la nature directement de la rue. Cela me rappela mon enfance. Pendant les orages, j’aimais – avec mes frères – enfiler à toute vitesse mon maillot de bain pour aller courir sous la pluie, au grand désarroi de ma mère qui avait peur des éclairs et du tonnerre.
Quelques minutes plus tard, le soleil avait repris son trône et régnait de nouveau sur la ville toute propre.
Les gens, stressés par le retard provoqué par l’orage, émergeaient des restaurants, des boutiques, des cafés et de partout où ils avaient trouvé un refuge temporaire. Tentant d’éviter les flaques d’eau, cette fois-ci les passants baissaient la tête pour une bonne raison. Détrempé de la tête aux pieds, je ne voulais pas quitter les lieux de ce spectacle surréaliste. Assis sur le banc public devant le café, je me réjouissais de la deuxième scène. Plusieurs passants aux cheveux mouillés par la pluie renforçaient cette image de la sortie de douche. Je trouvai ce tableau vraiment séduisant. « Merci chère nature de m’offrir toute une ville qui sort de la douche. On perçoit ce que l’on veut bien voir, pas vrai? J’aurais pu décider de maugréer sur la mauvaise température, mais au contraire, j’ai décidé de jouer avec elle et de m’en réjouir. Lorsque le soleil a tout asséché, j’ai abandonné mon observatoire; le temps d’aller travailler était arrivé.
Concentré devant mon ordinateur, j’ai été attiré par des chants joyeux qui montaient de la cour intérieure. Parfois, les employées des bureaux situés au rez-de-chaussée utilisent la cour pour célébrer l’anniversaire d’un de leurs collègues. Curieux, je m’approchai de la fenêtre. À ma grande surprise, j’aperçus quatre Mexicaines, accroupies au sol. En chantant, elles s’activaient à enlever les mauvaises herbes entre les pavés anciens de la cour. Charmé par leur attitude devant ce travail ingrat, je me suis nourri de leur joie de vivre.
Quelle belle leçon de vie! À une heure d’intervalle, dans le même immeuble, j’ai rencontré un professionnel bien rémunéré qui ne pouvait se réjouir de la journée parce que la pluie allait peut-être tomber; pendant que dans la cour arrière, des employées payées au salaire minimum accomplissaient un travail ingrat en chantant. Quelle belle leçon, le bonheur c’est dans la tête, n’est-ce pas? Chères Mexicaines, merci de m’avoir offert la plus grande joie de ma journée. La beauté du monde, c’est dans ma cour que je l’ai trouvée, en observant votre attitude et votre joie de vivre.
Comme nous l’avons vu dans les exemples précédents, le bonheur est une question de perception. En vous entraînant à voir la beauté du monde, vous serez surpris de toutes les occasions de vous réjouir qui vous seront offertes.
Toutefois, pour pouvoir observer les beautés de notre planète, vous devrez préalablement développer un système neuronal vous permettant de les voir. La beauté du monde débute dans votre tête. Vos méditations matinales sont le meilleur moment pour choisir votre "intention de la journée". Lorsque vous fixez une intention, c’est comme lorsque vous enterez la destination sur votre GPS routier et qu’il vous indique toutes les étapes à l’écran. Ces intentions sont les instructions de votre GPS mental. Ce dernier, selon vos instructions, portera son attention sur tout ce qui est beau et il se mettra au travail en vous indiquant où regarder et comment prendre le temps de vous en réjouir. Plus vous porterez votre attention à observer ce qui est beau, plus vous construirez votre système neuronal vous permettant de mieux percevoir les beautés de demain. Au début, cela demandera un effort de votre part. Toutefois, lorsque votre système se développera, vous raffinerez votre système sensoriel de la beauté. N’oubliez pas que nous vivons dans une culture de la peur et que vous avez été contaminé à plusieurs niveaux. La capacité de voir la beauté du monde est également inscrite dans notre code génétique, malheureusement nous avons été contaminés de plusieurs virus anti-bonheur, dont celui de donner priorité à ce qui ne va pas, au lieu de voir ce qui est beau. Redevenez l’enfant de sept ans qui s’émerveille devant une fourmi.



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